I need your help... [Matthew & Amelia]

J'étais partie à la va-vite, j'avais rempli une valise avec des vêtements et ce qui est nécessaire pour Gabriel, j'avais pris un simple sac avec quelques vêtements pour moi. Je n'avais pas réfléchi... Je savais une chose: je ne voulais pas prendre le risque de me retrouver en face de lui, ni risquer la vie de mon fils. J'aurais pu simplement aller chez mon ex-mari, ça aurait sûrement suffi à éviter cet homme.. Mais ce n'était pas l'éviter uniquement qui allait m'aider. Je ne voulais pas rester enfermée chez moi, regarder sans cesse derrière moi de peur qu'il me suive. Ce n'était pas une vie, et ce n'était pas la vie que je voulais offrir à Gabriel. Alors pourquoi pas? Je voulais reprendre ma vie de zéro, tout recommencer.

Depuis le départ de mon frère à Los Angeles, je l'avais au final très peu vu. Nous avions chacun une vie de fou, lui tout le temps à l'hôpital et moi au tribunal. Je regrettais dans le fond de ne pas avoir trouver du temps pour lui. Il ne connaissait pas beaucoup Gabriel, il était venu à l'hôpital le jour de sa naissance, mais aussi lors de son baptême. Il le voyait grandir de loin, via les réseaux sociaux, les photos. Quand j'étais plus jeune, j'avais le réflexe d'aller le voir quand je n'allais pas bien. Nos parents n'étaient pas souvent là, et il était mon véritable soutien. C'est pour ça que j'avais pensé à lui.

J'avais pris l'avion en direction de Los Angeles, voyage durant lequel Gabriel avait passé un grand moment dans les bras de Morphée. Nous étions arrivés en fin d'après midi, j'avais réussi à louer une voiture pour rejoindre Matthew. Gabriel était silencieux, et un peu désorienté. Arrivés au niveau de chez mon frère, je m'étais garée, avait pris un Gabriel endormi dans mes bras. J'avais appuyé sur la sonnette, espérant qu'il était chez lui et pas à l'hôpital. Peut être que j'aurais du prendre le temps de l'appeler avant? Mon départ précipité n'était pas forcément la meilleure idée que j'avais eu.

Un retour de travail comme un autre. J’avais pris le bus, ne voulant toujours pas conduire. La journée avait été facile. J’avais pu dormir un peu. Les patients n’avaient pas afflués. Tant mieux, pour une fois, Los Angeles semblait aller bien. Tout cela pour dire que je n’étais pas forcément fatigué. J’avais donc rapidement fait les courses avant de rentrer à la maison : un poulet rôti, quelques pommes de terre et un concombre feront l’affaire. J’étais donc enfin assis à la table dans la cuisine. Mon morceau de poulet dans l’assiette, j’adorais décortiquer le poulet. Cela me rappelait mon stage en chirurgie. Enfin soit, la sonnette retentit. Je n’attendais personne pourtant. Et les quelques amis que j’avais ne savaient même pas où j’habitais. La maison ne ressemblait à rien ni moi d’ailleurs. Je n’étais pas encore passé par la douche. J’avais simplement enfilé un jogging en rentrant afin d’être plus confortable. Je me rendais alors vers la porte tranquillement. Je n’étais pas pressé. J’ouvrais. Et là, ce fût la surprise totale. Se trouvait devant moi, ma sœur jumelle. Oui, ma sœur jumelle ! Je ne l’avais plus vue depuis un an. « Amélia ? ». Je lui sautais dans les bras juste avant de lui prendre Gabriel et sa valise. « Mais qu’est-ce que tu fais là ? ». Je voyais sur son visage que quelque chose n’allait pas. Je n’aimais pas la voir dans cet état. Plein de questions me passaient par la tête. Mais je ne voulais pas tout lui demander. Il fallait qu’elle aie le temps de s’exprimer. « Non, ne dis rien. Tu le feras quand tu seras prête. Tu sais que tu es toujours la bienvenue ici. ». Je réfléchissais alors rapidement à faire dormir Gabriel. Ses petits yeux étaient fermés. Mon filleul devait continuer sa nuit. « Je le mets à l’étage, dans mon lit ? Je vais le coincer avec des coussins. Tu peux m’accompagner. ». Amelia n’était jamais venue chez moi. Je lui montrais alors le chemin. J’avais toujours Gabriel dans les bras et parlais le plus bas possible.

Je fus rapidement rassurée en voyant la porte s'ouvrir. Il aurait pu être à l'extérieur, au boulot ou en charmante compagnie. Je regrettais de ne pas avoir passer un coup de téléphone avant... J'ouvris la bouche pour m'excuser auprès de lui, mais je n'en eus pas vraiment le temps. Matthew me prit directement dans ses bras, serrant dans le même temps Gabriel qui était dans mes bras. Je profitais de cette accolade, heureuse de retrouver mon frère. Cela faisait un an que nous ne nous étions pas revu. Il m'avait tant manqué... Il se décalait, m'observant. Mon dieu... Je devais avoir un visage tellement fatiguée, je n'avais pas pris le temps de me maquiller et encore moins de me coiffer. Je devais vraiment lui faire peur. Et son regard trahissait son inquiétude. Matthew me demanda rapidement ce qu'il se passait. C'était compréhensible, jamais je n'étais arrivée en plein milieu de soirée avec un enfant dans les bras, et complètement lessivée. J'ouvrais la bouche, histoire de lui faire un bref résumé. Mais il comprit de lui même que ce n'était peut être pas le moment de déballer mon histoire sur son pallier avec un petit garçon de deux ans qui faisait son poids. Je le regardais, lâchant un petit « Merci. » Il prit Gabriel dans ses bras, posant ma valise dans un coin. Je le suivais alors à l'intérieur, fermant la porte derrière moi. Je n'étais jamais venu chez lui, il m'avait envoyé sa nouvelle adresse lorsqu'il était arrivé ici. Mais je ne pensais pas en avoir l'utilité aussi tôt et surtout de venir comme ça. Je me contentais de hocher la tête, épuisée. Je le suivais, en direction de sa chambre. Je plaçais les coussins pour éviter que Gabriel se fasse mal, et laissais Matt mettre Gabriel entre les coussins. Je sortais aussi tôt de la chambre, et m'avalais sur son canapé... « Merci Matt... Je ne voulais pas te déranger, pas comme ça. J'aurais du t'appeler. Je... » Je me levais, le serrant de nouveau dans mes bras. J'avais tellement combattu pour ne pas m'effondrer...

Voir ma sœur dans un tel état me rendait malade. Jamais au grand jamais elle n’avait atterri chez moi à l’improviste. C’était quelqu’un de très poli, demandant toujours si elle pouvait passer. Qu’elle ne fut pas ma surprise quand je l’ai vue là, sur le pas de ma porte. Gabriel était couché, il dormait paisiblement. Je n’avais pas de babyphone. Mais il n’y avait pas de bruit chez moi, j’appréciais très fortement le calme. Nous pourrions donc entendre facilement le petit. Mon côté pratique réfléchit. Maintenant que Gabriel était dans mon lit, comment allions nous dormir : Amelia et moi ? Peut-être voudrait-elle dormir aux côtés de son fils ? Ou elle préférerait le canapé ? Nous pouvions dormir ensemble aussi. Après tout, nous sommes jumeaux. Je ne voyais donc pas le soucis. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas le problème à l’instant. Amelia était là, assise dans mon canapé. « Tu ne me déranges jamais. Tu l’entends ? Jamais. Tu viens quand tu veux chez moi. Tu es la bienvenue, tu es chez toi. ». Je croyais tout ce que je disais.
Avant de la forcer à parler, je devais m’assurer de son bien être physique. Après tout, j’étais médecin et ce côté ressortait facilement. « Tu as mangé ? J’ai justement un gros poulet pour moi et des pommes de terre. ». En fait, ce n’était pas une question. Elle avait pris l’avion. Et le repas servi n’était jamais très appétissant. Je m’étais donc rendu dans la cuisine et servais une autre assiette avant de la mettre au micro-ondes. « Que boit-on ? Un peu de vin ? Ou plutôt un soft ? Que préfères-tu ? ». J’étais aux petits soins pour elle. Vérifiant qu’elle ne manquait de rien. Après l’avoir servie, je finis par m’asseoir. Décidemment, je n’avais pas arrêté de la journée. Et quelque chose me disait qu’elle n’était pas prête de se finir. Je reprenais le travail le lendemain à 10h. Je cherchais déjà un plan B. Toutes ces fois où j’avais remplacé un collègue, ils pouvaient bien me rendre la pareille, non ?

Je n'avais pas autant de préoccupations que Matthew à ce moment. Mon cerveau était comme vide, je n'arrivais plus à penser correctement. Je craignais juste pour la vie de Gabriel et pour la mienne. Peut être que cet  homme était capable de me retrouver? D'aller voir nos parents et lui demander de mes nouvelles comme ci rien n'était. Je n'avais encore prévenu personne de mon départ... Et c'était peut être mieux comme ça. Mon agression remontait à plusieurs années déjà, et pourtant c'était encore si frais dans mon esprit. Je pouvais revoir cette "ordure" essayant de m'embrasser de force, de soulever ma jupe... Non! Stop. Je devais cesser de me faire du mal comme ça. J'avais tellement voulu oublier cet homme ces dernières années. Et ça me revenait en pleine face maintenant. Je m'excusais auprès de mon frère pour cette intrusion imprévue. Mais il ne semblait pas m'en vouloir. « Merci Matt... »

Son côté protecteur resurgit aussitôt, je le reconnais bien là mon frère, toujours à mes petits soins. Un petit sourire apparut sur mes lèvres. Je hochais la tête alors à sa question même si je me doutais que ça ne changerait rien. Il avait décidé que je devais manger, et je n'y pouvais rien. « Même si je te disais que je me suis arrêtée à un restaurant en passant, tu me serviras quand même ton poulet. Alors, oui, dînons ensemble. » Il se levait vers sa cuisine, je le suivais du regard, patientant. Il me demandait alors ce que je souhaitais boire... Quelque chose de fort me disait bien. Mais en même temps, j'avais mon fils et surtout ça n'allait pas s'arranger pour autant. Je soupirais alors avant de lui répondre. « Du soft c'est préférable, ce que tu as c'est parfait. » Il revient rapidement s'asseoir à côté de moi avec deux assiettes et de quoi boire. Je l'observais, il avait l'air fatigué... « Merci pour le repas. Tu as une petite mine... Dure journée? » Je commençais à manger ce petit repas, et me régalais. Je n'avais pas tellement mangé... Je le regardais alors, un peu penaude. « J'imagine que maintenant c'est moi que tu vas cuisiner, histoire de me demander pourquoi je débarque chez toi sans prévenir. »

Ma sœur débarquait comme cela. Je savais qu’elle n’allait pas faire sa difficile. Elle allait boire et manger ce que j’avais dans mon frigo. Mais je voulais lui faire plaisir, être là pour elle. J’avais toujours une bouteille de coca dans la cave. C’était la boisson préférée de ma sœur. S’il m’arrivait d’ouvrir cette bouteille, je courais au magasin le lendemain en racheter une. On ne sait jamais qu’elle ne vienne me rendre visite sans me prévenir. J’avais donc bien fait, la preuve maintenant. Je me dépêchais alors d’aller à la cave et revenais avec cette dite bouteille. Je lui en servais un verre avant de le lui tendre. Je savais que cela lui conviendrait.
Elle parlait alors de moi et du fait que je semblais fatigué. Elle était plutôt douée pour éviter certains sujets. « Je viens de faire une garde de 24 heures. Mais nous n’avons pas eu énormément de patients. J’ai pu dormir un peu. ». Je lui souris, comme pour la rassurer. Il fallait qu’elle se sente bien. « Et toi, le vol ? Pas trop long ? Gabriel a bien réagit ? ». Je réfléchis alors à d’autres détails pratiques. Elle n’était arrivée qu’avec une petite valise. Avait-elle tout le nécessaire pour Gabriel : langes, lait, vêtements, … ? Et pour elle : de quoi s’habiller, se laver, … Même si elle était la bienvenue chez moi et qu’elle y resterait autant de temps qu’elle le voudra. Ma villa était assez grande et je n’étais pas là bien souvent. Comme elle avait pu le remarquer, je n’avais que le strict nécessaire. On ne pouvait donc pas trouver un paquet de langes, une brosse à dents en surplus ou encore du shampoing pour femme. « As-tu assez d’affaires dans ta petite valise pour tenir jusque demain avec Gabriel ? ». J’attendais alors sa réponse tout en mangeant un bout de poulet. « Nous irons en ville demain matin acheter quelques affaires. ». L’argent ne nous manquait pas. Cela n’était donc pas un stress. « Non, je ne vais pas te cuisiner. Je sais que si tu viens comme cela chez moi sans me prévenir, c’est que c’est grave. Tu me parleras quand tu le voudras, quand tu le sentiras et si tu le veux. Je suis là pour toi. J’ai un toit, un super frigo et quelques pièces vides où tu peux te faire ton petit nid et celui de Gabriel. C’est comme tu le sens, soeurette. ». Je souris alors doucement dans le but de la rassurer.

J'attendais alors qu'il revienne avec ce bon petit plat. Dans un sens, j'en étais heureuse, j'avais une faim de loup. J'avais cessé de penser à mon bien être (pour ça en tout cas) tout le trajet, me pliant en quatre pour Gabriel, histoire qu'il ne se rend pas compte des changements brutaux. Il était trop jeune pour comprendre la situation... Et je ne pouvais encore moins lui expliquer. A part lui dire que l'on rendait visite à son oncle. J'étais mal à l'aise... Avais-je fais une bêtise? Je relevais la tête me rendant compte que Matt me tendait un verre de coca. Merci, mon dieu! Il savait toujours me réconforter. Le coca c'était mieux qu'un verre d'alcool non?
Nous mangions alors, et je remarquais la fatigue sur les traits de mon frère. Il me rappelait qu'il avait passé 24h à l'hôpital, j'avais toujours admiré ce travail. Je n'aurais jamais imaginé passer une journée et une nuit entière dans mon bureau, même si j'aimais mon travail. Je passais alors un main sur mon front...« J'ai pris les dernières places, alors autant te dire que ce n'était pas reposant. Gabriel a pleuré, pas longtemps. J'ai essayé de le rassurer, en lui disant qu'on allait voir tonton. Mais je pense qu'il doit ressentir que ça ne va pas. Les enfants sont doués pour ça. » Je le regardais, souriant tristement. J'avalais quelques bouchées de mon plat, observant Matthew. Il me rappelait alors les affaires de Gabriel. Je lui souris, tapotant sur ses épaules.« Tu ferais un bon papa, dis donc. Mais rassures-toi, j'ai prévu pour Gabriel. Je n'ai pas tout pris, il y a un sac ou deux dans la voiture de location. Il peut tenir quelques jours, c'est plutôt moi qui ait pris le minimum. Mais oui, j'accepte ta proposition. Tu ne travailles pas demain matin? Je ne veux pas bousculer ton emploi du temps, on peut se débrouiller tu sais. » Je ne voulais pas abuser de son hospitalité.
J'avalais une gorgée de coca, sentant qu'il allait me poser des questions. C'était dans son droit... Je débarquais comme ça, à sa place, je l'aurais déjà questionné. Mais apparemment ce n'était pas le cas pour lui. Il cherchait apparemment à me laisser du temps. J'étais l'inverse de lui, plutôt du genre à vouloir tirer les vers du nez. Je m'approchais de lui, et le serrais dans mes bras. « Merci. J'aurais aimé te retrouver dans de meilleures circonstances. »

Amelia ne semblait pas forcément bien psychologiquement. Même physiquement. Comme je l’ai déjà dit, je voulais d’abord m’attarder sur le physique. J’avais une envie folle de prendre sa tension histoire de me rassurer. Mais elle allait certainement trouver cela invasif. Je me retenais alors. « Ne t’inquiète pas pour lui. L’avantage des enfants, c’est qu’ils s’habituent très vite. Et puis, il sera tellement heureux de voir son parrain à son réveil. ». J’allais tellement surprotéger ma sœur qu’elle allait vouloir fuir, j’en suis sûr. « Ah oui, parce que, toi, tu dors cette nuit. Je m’occupe de Gabriel quand il se réveille. Tu as besoin de te reposer. Et moi, je serai content de passer un peu de temps avec lui. ». Je ne savais pas pour combien de temps elle allait rester ici ni même si elle allait emménager avec moi. Cela pourrait être marrant. On aurait nos petites habitudes et façons de faire. Puis, même si nous sommes de faux jumeaux, il nous arrive de nous comprendre uniquement avec un regard et il n’y a rien de plus magique que ça. « Je peux te dépanner, si tu veux. J’ai une brosse à dents toute neuve qui attend encore dans son emballage. C’est celle que j’ai de secours. Puis, tu te laveras avec des produits masculins ce soir mais on ira acheter tout cela demain. ». Si, je travaille demain. A 10h, même. Mais je vais me débrouiller. Je contacterai un collègue tout à l’heure. Je suis tellement accro à mon travail et toujours prêt à rendre service qu’ils voudront tous bien me remplacer. Je n’en doute pas ! « Ne t’inquiète pas. Je vais gérer. Nous irons faire cela tous les deux. Je ne t’ai pas vue depuis un an, je peux bien te consacrer une journée, non ? ». Je lui souris alors. J’avais l’habitude de manger très vite au travail. Du moins, quand j’avais le temps d’avaler quelque chose.
Je la pris alors aussi dans les bras. J’aimais cette relation particulière que nous avions, elle et moi. « Tu veux aller te doucher ? Je me charge de ranger tout cela et de te préparer quelque chose pour dormir. Tu veux dormir près de Gabriel, dans le canapé ou avec moi dans la chambre d’amis ? ». Certes, dans cette dernière pièce, il n’y avait qu’un lit une personne. Mais ça, elle ne le savait pas. Et je trouvais toujours des solutions à tout. « Mais si tu t’endors près de Gabriel, il risque de te réveiller… ». Je pensais tout haut, ne pensant pas qu’elle entendait mes paroles.

Je grignotais un morceau de poulet, prenant mon temps. J'avais l'esprit ailleurs, je me concentrais au maximum sur les paroles de mon frère, histoire d'oublier mes ennuis le temps de quelques minutes. Je pensais être passée à autre chose la dernière fois, et aujourd'hui, j'avais un retour en plein visage... Je lâchais un petit soupir, j'avais vraiment le sentiment d'avoir été égoïste. N'aurais-je pas dû laisser Gabriel à son père? Ai-je pris des risques en venant chez mon frère? Est-ce que je voulais vraiment le mêler à tout ça? Je n'en avais jamais parlé à personne. Mais avec de l'argent et de l'influence, on pouvait tout avoir n'est-ce pas? On avait tous les droits malheureusement, et plus encore quand on a réussi à se bâtir une réputation d'homme respectable. Cela me foutait complètement en rogne... Je gardais mon sourire de surface, murmurant un "J'espère". Rapidement, Matt ne me laissait le choix de rien : je devais dormir, ne pas m'en faire, il allait tout gérer. A la fois, cela me soulageait et me stressait. J'ai toujours eu l'habitude de ne compter que sur moi-même. Pour le coup, je n'avais pas envie de protester, j'étais au plus bas. « Je n'ai pas le courage de protester, sincèrement. Merci Matt, tu n'imagines pas ce que ces mots représentent pour moi à cet instant. » Il a toujours eu le don de sentir quand ça n'allait pas, il avait été mon plus grand soutien durant notre enfance, toujours présent à mes côtés dans les pires et dans les meilleurs moments. Cette connexion entre nous m'avait manqué, plus que j'avais voulu me l'avouer avant cet instant. « Je dis oui à tout. Que tu passes du temps avec Gab, c'est une bonne occasion oui. Une douche, oui j'en rêve depuis notre arrivée à LA. Pour l'endroit où dormir, cela ne m'importe peu. Imagine, si tu travaillais ce soir, j'aurais dû passer la nuit sur ton palier. Alors même sur le canapé, cela me convient très bien. » Je ne résistais pas à le serrer dans mes bras, parce qu'il m'avait manqué et parce qu'il m'offrait ce dont j'avais le plus besoin : le soutien et le réconfort. « Tu es le meilleur ! Merci, vraiment. Je ne pourrais jamais te rendre ce que tu fais pour moi.» Je lui faisais un bisou sur la joue, me levait, motivée à me prélasser un instant sous le jet d'eau chaude. Ne connaissant pas la maison, seul Matt pouvait me montrer où se trouvait la salle de bains.