« Happy birthday my dear. »- Aller, arrêtez de dire des bêtises et filez ! Le sourire aux lèvres, Jefferson referma la porte du restaurant derrière ses employés qui semblaient avoir particulièrement du mal à s'en aller aujourd'hui. L'annonce précédente de leur patron était sans doute à blâmer pour cela : il venait en effet de leur annoncer que le restaurant serait fermé le soir-même. Excellente raison pour en profiter pour filer le plus vite possible me direz-vous. Oui, sans doute. Mais alors qu'est-ce qui les avait poussé à rester aussi longtemps, en riant et en plaisantant. Eh bien Isabella, une des serveuses, s'était lancée et avait osé demandé le pourquoi de cette fermeture soudaine, ce à quoi le patron avait répondu qu'il recevait une amie à diner. Il n'en avait pas fallut d'avantage pour que les employés connaissant le restaurateur depuis un certain temps, ne se mettent à spéculer sur l'identité de cette "amie" pour laquelle il sacrifiait une soirée entière de recette.
Cela faisait bien deux ans que Jefferson Cook n'avait pas parler d'une femme...le sienne étant à présent aux abonnés absents, il n'y avait rien de surprenant à cela. Mais ses collaborateurs et amis commençaient à s'inquiéter pour lui : il était encore jeune et charmant, un homme génial selon leurs dires, et le savoir encore seul deux ans après le départ de sa femme, les attristait un peu. Ils n'osaient cependant pas vraiment lui en parler, craignant de remuer le couteau dans la plaie.
Et voilà qu'aujourd'hui, il recevait "une amie" au restaurant, renvoyant chacun dans ses pénates plus tôt que prévu. Cette occasion était bien trop belle. Ils avaient déjà passé tout le temps du rangement et du ménage après le service du midi à le taquiner et à la chambrer quant à cette invitation soudaine, et certains s'étaient même gentiment proposés pour les servir gratuitement le soir, juste pour découvrir l'identité de la belle et voir comment le patron se débrouillait niveau drague...ils ignoraient donc que la drague n'était pas du tout au programme...
Bien qu'amusé par tout cet engouement soudain, Jeff ne pu s'empêcher de se sentir gêné. Ils ignoraient qui était la femme en question, mais lui savait très bien qui c'était, et ce n'était rien de ce qu'ils s'imaginaient tous...Cela ne pouvait pas l'être étant donné qu'il s'agissait de Laurel, sa belle soeur...bon d'accord, elle ne l'était plus vraiment étant donné qu'il n'était plus avec Alicia depuis un peu plus de deux (atrocement longues) années, mais tout de même.
Il voulait juste organiser un diner pour elle, sa belle-soeur, sa famille, mais surtout son amie, qui avait été d'une aide précieuse durant tous les moments difficiles qui suivirent le départ d'Alicia. Il voulait la surprendre et célébrer avec elle le jour de sa naissance. La connaissant, elle aurait certainement quelque chose de prévu avec tous ses amis et ses connaissances pour le jour même de son anniversaire, alors il avait songé à organiser quelque chose la veille, juste pour être sûr de ne l'avoir que pour lui...égoïste ? Oui sans doute un peu. Il n'avait même pas convié les enfants à cette soirée...ils ignoraient même tout de cette soirée. Il n'avait pas ressentit l'envie ni le besoin de les en informer, aller savoir pourquoi, alors qu'ils se disaient toujours tout en temps normal. Il avait envie de se retrouver seul avec elle...juste elle...sa...sa belle-soeur.
Il parvint donc tant bien que mal à se débarrasser de ses employés et amis, avant de reprendre ses activités habituelles, comme si de rien n'était. La comptabilité ce n'était vraiment pas son truc et il avait des comptables pour ça, mais aujourd'hui, c'était une tâche qui allait l'aider à déstresser un peu et à ne pas penser à cette soirée qu'il attendait pourtant avec une grande impatience.
Deux heures avant l'arrivée de Laurel, il s'était absenté pour acheter deux trois petites choses qui lui manquaient : des ingrédients pour le repas du soir et surtout, un bouquet de roses. Il avait passé un temps fou à hésiter entre des roses rouges, bien plus jolies mais au sens un peu...équivoque dirons nous, ou des jaunes, bien plus appropriées pour la situation, et avait fini par opter pour un bouquet de roses blanches et jaunes, au milieu duquel trônait fièrement une seule rose rouge.
De retour au restaurant, le premier des trois qu'il possédait, il mis tout en place, décorant la salle comme il savait si bien le faire, déroulant même un tapis de pétales rouges et blancs depuis le trottoir jusqu'à la table qu'il avait installé pour eux. Il avait opté pour ce restaurant là pour sa décoration particulièrement romantique. Il était fasciné par la gastronomie française à ses débuts et rêvait de rivaliser avec les plus grands chefs français, tant et si bien que la décoration de son restaurant pouvait tout à fait passer pour celle d'un restaurant de la capitale française. C'était donc le décor parfait pour ce diner d'anniversaire. Les lumières tamisées et les bougies allumées dans toute la pièce, il regagna son bureau pour se changer, troquant son jean denim un brin délavé et son t-shirt blanc habituels, contre un pantalon bleu foncé assez classique et polo noir, surmonté d'une veste de la même couleur que son pantalon, puis repris sa place en cuisine, là où il se sentait bien et à sa place.
Tout à sa préparation, il sentait la pression et l'étrange stresse qui s'étaient emparés de lui depuis le départ de tout le monde, le quitter un peu. Il n'y avait après tout, pas la moindre raison de stresser : c'était Laurel qui venait, la Laurel qu'il connaissait depuis tant d'années, qui était de sa famille et qui vivait presque avec lui et ses enfants...alors pourquoi avait-il la désagréable impression d'avoir constamment les paumes moites ? Le nez dans ses casseroles, il attendait patiemment le coup de fil de la belle lui annonçant son arrivée, en s'agitant avec le plus de précaution possible pour ne pas se tâcher.
caramelle